Bonjour Agathe,
Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs s’il vous plait ?
Bonjour, je m’appelle Agathe, j’ai 33 ans. Lors de mon master en école de commerce, j’ai choisi d’effectuer un stage à Los Angeles… et je ne suis jamais repartie ! Cela fait maintenant dix ans que je vis aux États-Unis. Titulaire d’un master en Business et Management, j’ai découvert ma passion pour le secteur du tourisme au cours d’un stage, ce qui m’a naturellement conduite à y construire ma carrière.
Originaire de la Martinique et passionnée de voyage depuis toujours, je travaille dans le domaine du tourisme depuis dix ans, dont bientôt deux ans aux côtés de Mad Tours.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de partir vivre aux États-Unis et pourquoi Los Angeles en particulier ?
J’ai découvert les États-Unis pour la première fois lors d’un échange linguistique au lycée, et je me souviens avoir immédiatement été séduite par l’atmosphère, la culture et les différences marquantes avec la France. C’était une expérience unique : j’étais en Pennsylvanie et j’allais chaque jour au lycée américain avec ma correspondante. Ce séjour de trois semaines m’a également permis de visiter New York et Washington, deux villes fascinantes qui ont renforcé mon envie de mieux connaître ce pays.
Quatre ans plus tard, dans le cadre de mon Master en école de commerce, j’ai eu l’opportunité de partir à l’étranger pour un stage de six mois. J’ai immédiatement pensé aux États-Unis, mais cette fois, j’avais envie de découvrir une autre région. C’est ainsi que l’idée de la Californie a émergé. Grâce à une connexion professionnelle, j’ai eu la chance de pouvoir m’installer à Los Angeles, une opportunité qui a marqué un véritable tournant dans mon parcours.
Qu’est-ce qui vous a le plus surprise en arrivant à Los Angeles par rapport à la France ?
Je me souviens très clairement de mes premières impressions en arrivant à Los Angeles. Sur la route entre l’aéroport et la vallée, ce qui m’a frappée, c’est l’immensité du ciel et la sensation d’espace. La ville me paraissait étonnamment plate, sans gratte-ciel imposants, ce qui donnait une impression de légèreté, presque de liberté. Contrairement à New York, je ne me sentais pas oppressée : la vue était dégagée, l’ambiance plus calme, plus étendue.
Les jours suivants, j’ai découvert une culture bien différente de celle que je connaissais. J’ai été agréablement surprise par la facilité avec laquelle j’ai pu créer des liens : je me suis rapidement fait des amis, et surtout, je me suis sentie en sécurité, à ma place, malgré mes 22 ans et l’inconnu de cette grande ville. Je m’attendais à une ville très superficielle, comme on la décrit souvent, mais j’ai réussi à me construire un cercle sincère, bienveillant, et à trouver ma propre place dans cette métropole pleine de contrastes.
Vivre et travailler à Los Angeles comporte bien sûr des avantages et des défis. Côté professionnel, la culture du travail est plus intense qu’en France : la norme tourne autour de 40 heures par semaine, avec généralement seulement deux semaines de congés payés par an. Il a fallu m’adapter à ce rythme, mais comme j’étais encore étudiante à mon arrivée, cette transition s’est faite naturellement.
Le principal défi, sans surprise, reste le coût de la vie. Les loyers sont très élevés, les courses alimentaires aussi, et il faut au départ apprendre à prioriser ses dépenses. C’est un ajustement nécessaire, mais avec le temps, on développe des repères, des habitudes, et surtout une vraie capacité d’adaptation. Malgré cela, la qualité de vie qu’offre Los Angeles — la lumière, la diversité, les opportunités culturelles et professionnelles — compense largement ces contraintes, du moment qu’on est prêt à faire preuve de résilience et de curiosité.
Quels sont les stéréotypes des Français sur la vie aux États-Unis que vous ne retrouvez absolument pas ou très peu en vivant sur place ?
Lorsqu’on vit aux États-Unis, on se rend vite compte que certains stéréotypes véhiculés en France sur la vie américaine sont exagérés, voire complètement erronés. L’un des plus répandus est l’idée que « tout est superficiel » ou que les Américains sont faux. En réalité, s’ils peuvent paraître plus enthousiastes ou démonstratifs que les Français, cela relève souvent d’un sens profond de la politesse et de la convivialité. Cette bienveillance dans les interactions quotidiennes – qu’elle soit sincère ou non – rend la vie sociale plus fluide, surtout dans des environnements urbains très hétérogènes.
Un autre cliché très tenace est celui selon lequel les Américains ne mangent que du fast-food ou se nourrissent mal. Bien sûr, les chaînes sont omniprésentes, mais on découvre rapidement une culture culinaire bien plus diversifiée et exigeante, surtout dans les grandes villes. Il existe une vraie conscience alimentaire dans de nombreuses communautés, avec des marchés bio, des restaurants végétariens, ou encore des pratiques de slow food bien installées. Le mythe du « tout est industriel » ne résiste pas à une balade dans un quartier comme Silver Lake à Los Angeles, Williamsburg à New York ou dans certains coins de San Francisco.
On entend souvent aussi que les Américains ne s’intéressent pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde. C’est une demi-vérité : si l’éducation ou les médias peuvent parfois sembler centrés sur les États-Unis, on rencontre dans les universités, les grandes villes ou les milieux culturels énormément de gens cultivés, ouverts, et curieux du monde. Le pays étant immense et très divers, le niveau de conscience internationale varie fortement selon les régions et les milieux.
Enfin, l’idée que tout est facile, accessible, et que « l’American dream » est à portée de tous, se heurte vite à une réalité bien plus nuancée. Oui, certaines choses sont plus simples administrativement ou plus rapides (ouvrir un compte bancaire, créer une entreprise, louer un appartement), mais la précarité, le coût de la santé, ou l’absence de filet social rappellent que la liberté vantée s’accompagne d’une grande part de responsabilité individuelle. C’est souvent un choc pour les Français, habitués à un modèle plus protecteur.
Quels lieux de Los Angeles conseillez-vous aux Français en quête d’authenticité et d’expériences uniques ?
Pour les Français en quête d’authenticité à Los Angeles, il existe de nombreux lieux qui permettent de découvrir la ville autrement, loin des itinéraires touristiques classiques. Le quartier d’Echo Park dont Silver Lake, offre une atmosphère artistique et bohème, avec ses cafés indépendants, ses friperies vintages et ses murs couverts de street art. Non loin de là, le Griffith Park permet de s’évader dans la nature en pleine ville, avec une randonnée jusqu’à l’observatoire offrant une vue imprenable sur le panneau Hollywood et, le soir venu, une expérience unique d’observation des étoiles.
À Venice, Abbot Kinney Boulevard séduit par ses concept stores, ses galeries d’art et ses restaurants branchés qui reflètent parfaitement l’esprit californien. Pour une immersion dans la diversité culinaire de la ville, le Grand Central Market, au cœur du centre-ville, permet de goûter aux saveurs du monde dans un cadre vibrant et historique, à deux pas de la mythique Bradbury Building. Juste à côté, les amateurs de livres et d’ambiances insolites tomberont sous le charme de The Last Bookstore, une librairie indépendante aménagée dans une ancienne banque, devenue lieu de pèlerinage pour les passionnés de littérature et de design.
Pour ceux qui souhaitent explorer un visage plus inattendu de Los Angeles, les vignobles de Malibu offrent une expérience dépaysante, avec dégustation de vin et pique-nique au cœur des collines, parfois même accompagnés d’un safari en Jeep. Les amateurs de nature et de bien-être apprécieront également les séances de yoga au lever du soleil à Runyon Canyon ou dans l’atmosphère spirituelle et boisée de Topanga Canyon. Enfin, pour une parenthèse paisible en bord de mer, la plage d’El Matador, à Malibu, reste l’un des secrets les mieux gardés de la côte, avec ses formations rocheuses spectaculaires et son ambiance intimiste.
Quel est le projet le plus marquant ou le plus insolite que vous ayez eu à organiser jusqu’à présent ?
Le projet le plus marquant et significatif auquel j’ai eu l’opportunité de participer a été la Draft NBA 2024. J’ai été sollicitée pour contribuer à la préparation de l’after-party d’un joueur français fraîchement sélectionné par une équipe américaine de la NBA.
Ce fut une expérience particulièrement impressionnante, tant par l’envergure de l’événement que par l’intensité émotionnelle partagée avec la famille et les proches du joueur à un moment clé de sa carrière.
La gestion logistique et l’organisation de ce type d’événement de grande ampleur sont essentielles et m’ont permis d’acquérir des compétences précieuses, faisant de cette expérience un véritable tournant dans mon parcours professionnel.
Quelles sont les prochaines destinations ou expériences inédites que vous envisagez de proposer aux Français ?
L’Oregon est un véritable trésor caché des États-Unis, et un excellent choix de destination pour des Français en quête de nature, d’authenticité et de diversité loin des foules. Ce qui rend cet État si particulier, c’est la richesse de ses paysages et la sensation de liberté qu’il procure à chaque instant.
Pour commencer, l’Oregon séduit par sa nature spectaculaire et préservée : des côtes sauvages balayées par le vent, des forêts de conifères dignes d’un conte nordique, des volcans enneigés, des cascades impressionnantes (comme Multnomah Falls), des rivières cristallines, sans oublier des déserts, comme celui de la région de Bend. En une seule semaine, on peut y voir l’océan, la montagne et les grands espaces désertiques, sans jamais avoir l’impression de faire des heures de route inutiles.
Les voyageurs français, souvent sensibles aux atmosphères, apprécieront particulièrement l’ambiance apaisante et un peu « slow » de l’Oregon. Ici, pas de stress, pas de tape-à-l’œil : tout est dans la simplicité, le lien à la nature et la qualité de vie. C’est une région où l’on prend le temps de savourer un bon café local, de discuter avec un artisan ou de randonner en silence dans une forêt de pins géants.
La ville de Portland, capitale de l’État, est également un atout : alternative, créative, engagée, elle plait beaucoup aux visiteurs européens. On y trouve une vie culturelle intense, une scène culinaire inventive (avec une forte culture du bio, du végétarien, du local), et une atmosphère décontractée qui rappelle un peu Berlin ou Montréal. C’est aussi un excellent point de départ pour rayonner vers les montagnes, la côte Pacifique ou les vignobles de la Willamette Valley.
Enfin, l’Oregon reste moins touristique et plus abordable que la Californie, tout en offrant une variété d’expériences tout aussi riche. C’est une destination idéale pour ceux qui aiment les grands espaces, les découvertes hors des sentiers battus, et une certaine idée de l’Amérique plus humaine.
Selon vous, qu’est-ce qui distingue l’expérience de voyage aux États-Unis par rapport à d’autres pays ?
Voyager aux États-Unis offre une expérience profondément unique, qui se distingue par l’échelle, la diversité et l’intensité des contrastes. Contrairement à de nombreux pays où les différences culturelles peuvent être subtiles ou régionales, les États-Unis déploient une mosaïque spectaculaire de paysages, de mentalités, de modes de vie et d’ambiances, souvent d’un État à l’autre, voire d’une ville à l’autre.
Ce qui frappe d’abord, c’est la grandeur des espaces. Que ce soit en parcourant les vastes routes désertiques de l’Ouest, en contemplant les forêts denses de la Nouvelle-Angleterre ou en longeant les plages de Floride, on a souvent l’impression d’évoluer dans un décor de cinéma. Le pays a cette capacité à produire des sensations de dépaysement total tout en restant familier, car l’imaginaire américain est omniprésent dans la culture mondiale : on a tous « vu » ces paysages avant de les fouler.
Un autre aspect marquant est le sentiment de liberté et de mobilité. Voyager aux États-Unis, c’est souvent expérimenter le road trip, dormir dans des motels au bord de la route, tracer son itinéraire au jour le jour. Il y a une forme de flexibilité, presque une incitation permanente à l’aventure spontanée. Ce mode de voyage renforce l’idée d’autonomie, de découverte, et donne souvent au séjour un caractère initiatique ou cinématographique.
Sur le plan humain, les échanges avec les Américains sont généralement chaleureux et directs. Même si cela peut surprendre certains Européens, cette accessibilité relationnelle permet d’entrer facilement en contact avec les locaux, de discuter au comptoir d’un café, ou de recevoir des conseils spontanés. Il ne s’agit pas d’intimité immédiate, mais d’une hospitalité sociale bien réelle.
Enfin, l’expérience américaine est marquée par une coexistence forte des extrêmes : entre la haute technologie et des zones rurales figées dans le temps, entre richesse extravagante et pauvreté criante, entre ouverture d’esprit dans certaines régions et conservatisme rigide dans d’autres. Ce contraste, parfois déroutant, donne au voyage un caractère profondément complexe, nuancé, et souvent introspectif. Voyager aux États-Unis, c’est aussi, en quelque sorte, voyager à travers plusieurs mondes dans un seul pays.
Quels sont vos coups de cœur personnels aux États-Unis, des lieux parfois méconnus que vous recommandez chaudement ?
Parmi mes coups de cœur les plus marquants aux États-Unis, il y a ces endroits qui n’apparaissent pas toujours en tête des guides, mais qui laissent une empreinte durable, parfois même plus forte que les destinations célèbres.
Je pense d’abord à Marfa, au fin fond de l’ouest du Texas. Une ville minuscule posée au milieu du désert, presque irréelle, devenue un centre d’art contemporain grâce à l’artiste Donald Judd. Le contraste entre les œuvres minimalistes et l’immensité silencieuse du paysage est saisissant. Et la nuit, on peut observer les mystérieuses « Marfa Lights », des phénomènes lumineux inexpliqués au loin. C’est une destination à la frontière du rêve, entre culture et étrangeté.
Côté nature, je ne peux pas ne pas citer le lac Crater Lake, dans l’Oregon. Peu de gens en Europe en parlent, mais ce lac volcanique d’un bleu presque surnaturel, niché dans un cratère parfait, est l’un des plus beaux endroits que j’ai vus. Le silence y est total, l’eau si limpide qu’on croirait voir jusqu’au fond de la Terre. C’est un lieu qui invite à la contemplation, presque à la méditation.
Et puis, plus au nord, dans l’État de Washington, j’ai eu un vrai coup de cœur pour les îles San Juan. Peu accessibles mais magiques : des petites îles verdoyantes où l’on peut observer des orques dans leur habitat naturel, faire du kayak au coucher du soleil et se réveiller dans un cottage face à la mer. On y ressent une paix rare, loin de tout tumulte.
Pour terminer, en tant qu’experte du voyage sur-mesure, quels conseils donneriez-vous à un Français qui prépare son premier voyage aux États-Unis ?
Préparer son premier voyage aux États-Unis est une aventure en soi, et mon premier conseil pour un voyageur français serait de penser en grand… mais de planifier en détail. Le territoire américain est vaste, les distances sont parfois vertigineuses, et chaque État, chaque ville, a sa propre identité. Il vaut mieux se concentrer sur une région bien définie (Ouest, Sud, Est, etc.) plutôt que de vouloir tout voir en deux semaines. Vous aurez ainsi le temps de vivre les lieux, pas seulement de les cocher sur une liste.
Dans la majorité des voyages que je conçois sur la côte Ouest, les itinéraires traversent plusieurs États aux climats très variés. Les voyageurs peuvent ainsi passer en quelques heures d’une fraîcheur montagnarde à la chaleur aride du désert. Il est donc essentiel d’être bien équipé et préparé à ces changements soudains de température et d’altitude.
Enfin, je conseille d’arriver avec un esprit ouvert et curieux. Ne pas comparer systématiquement avec la France, mais plutôt se laisser surprendre par les codes différents : la bienveillance parfois très expressive, les pourboires obligatoires (environ 15 à 20 % au restaurant), ou encore les portions XXL. Les Américains sont en général très accessibles, toujours prêts à aider ou à discuter, surtout si vous leur dites que c’est votre première visite.
Merci beaucoup pour votre retour Agathe !